G5 SAHEL: Le Burkina et le Niger claquent la porte

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4 DÉCEMBRE (ASPAMNEWS)-Après le retrait du Mali, le Burkina faso et le Niger se retirent du G5 Sahel. Seuls deux pays, la Mauritanie et le Tchad restent accrochés dans les sables mouvants du commandement sahélien. Un grand coup pour Nouakchott et NDjaména, réduits dans le cockpit politico-militaire de la lutte antidjihadiste.

Les deux gouvernements de transition issus de deux coups d’État militaires ont affirmé dans un communiqué conjoint parvenu ce samedi, leur engagement «profond» à parvenir à ce qu’ils ont qualifié de paix durable. En effet, le Président de la transition militaire nigérienne Abdourahamane Tchiani et son homologue du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré ont décidé de quitter la table du commandement unifié sahélien, mis en place il ya neuf ans, pour combattre le péril djihadiste. Après le Mali, le G5 Sahel se déleste deux de ses membranes stratégiques.

Et pour cause, le quota nécessaire à son fonctionnement en tant qu’entité militaire combattante n’a jamais pu être atteint. Les pays membres n’ont pas pu meubler les effectifs de la structure qui n’a pas, non plus, pu, malgré ses multiples démarches, se faire adopter par la communauté internationale, notamment l’ONU qui lui a refusé tout mandat conséquent pour agir sur le terrain.

Malgré donc la volonté de ses géniteurs d’en faire un outil commun de lutte contre le terrorisme, faute de parrain fort, le tout-petit ne pouvait prétendre grandir normalement. L’argent étant le nerf de la guerre, son manque crucial pour offrir une enfance heureuse au nouveau-né a contribué à en faire un nourrisson malnutri et exposé à toutes les maladies possibles qui ont bloqué sa croissance.

Et arriva les coups d’Etat d’août 2020 et de mai 2021 sur les rives du fleuve Djoliba. Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force, suscitant ainsi l’exclusion de fait du Mali des instances des organisations sous-régionales et régionale, n’ont pas supporté que le tour d’organiser le sommet du G5 Sahel en son temps leur soit retiré.

Le colonel Assimi Goïta et ses lieutenants décident alors de faire sortir le pays du G5 Sahel. La souveraineté proclamée du Mali par ses nouveaux hommes forts ne pouvait souffrir cet affront. Surtout que le G5 Sahel est présenté comme étant une pure trouvaille de l’occident, plus précisément du président français Emmanuel Macron!

Ainsi, avec la création récente de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui réunit le Mali, le Burkina Faso et le Niger, cela devenait tout à fait illogique que les deux derniers pays continuent de faire partie d’une structure que l’un de leurs membres a rejetée. La décision du Burkina et du Niger est donc loin d’être une surprise. Mieux elle était attendue. Qui plus est, et en toute objectivité, l’inefficacité affichée d’un G5 Sahel sans moyens a fait le reste!

Le G5 Sahel sans le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les pays qui sont le plus confrontés au terrorisme, a-t-il encore une quelconque espérance de vie? Non! Les deux membres qui y sont encore n’ont, du reste, plus aucune raison de porter ce bébé à qui la vie a été refusée. Les attentats terroristes, c’est un passé lointain pour la Mauritanie, tout comme le Tchad, qui, lui, se démène avec ses rebelles politico-militaires.

Questions: après le G5 Sahel, les pays de l’AES, qui sont maintenant unis par les liens de l’alliance, pour le meilleur et pour le pire, pour la diplomatie et pour l’économie, pour la défense solidaire des territoires, iront-ils plus loin, en quittant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, la CEDEAO qui, du reste, les a exclus de ces instances pour prise de pouvoir par les armes?  

Quid des autres institutions dont l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa)? Les Etats de l’AES feront-ils également leurs adieux à l’Union Africaine? Quel avenir pour le CFA, dans ces pays où la monnaie commune à nombre d’Etats africains est de plus en plus fortement décriée? En attendant sans doute sa mort prochaine, à moins de renaître de ses cendres comme le phénix, le G5 est passé au G2 Sahel!

Un coup dur pour Nouakchott et NDjaména. Ils sont les derniers à bord du cockpit.  La rupture est désormais actée. Ces deux gouvernements de transition, après un examen approfondi ont décidé en toute souveraineté de se retirer des instances et organes du G5 Sahel y compris la force conjointe, ce à compter de ce 29 novembre 2023.

Les arguments avancés ne sont rien d’autre que cet échec du G5 Sahel à atteindre ses objectifs. Pour le Burkina et le Niger, le G5 Sahel ne saurait servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel.

Encore moins accepter le diktat de quelques puissances que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant qui nie le droit de la souveraineté des nos peuples et états. Les termes de rupture sont incisifs et tranchants.

Que vont faire maintenant Nouakchott et NDjaména avec ces départs du Mali, du Burkina et du Niger, qui sonnent le glas du G5 Sahel, qui a peiné à prendre ses marques et ses ratages répétitifs? (SPM/2023)

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