FRANCE/RACISME: Christophe Galtier choqué face aux accusations de racisme,une enquête préliminaire ouverte 

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PARIS, 14 AVRIL (ASPAMNEWS)-L’entraîneur du PSG s’est défendu ce vendredi 14 avril de toute gestion discriminatoire lorsqu’il était en poste à l’OGC Nice, à vingt-quatre heures d’un match au sommet en Ligue 1 face au dauphin lensois.

Il aura fallu moins de trois jours après la révélation des propos discriminants qu’aurait tenus Christophe Galtier lorsqu’il était entraîneur du club de football de l’OGC Nice (2021-2022) pour que la justice se saisisse de l’affaire. Le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, a annoncé vendredi 14 avril, avoir ouvert une enquête préliminaire « du chef de discrimination fondée sur une prétendue race ou l’appartenance à une religion ».

Les investigations sont confiées à la police judiciaire de la ville, a précisé le magistrat. Des perquisitions sont en cours au sein des locaux du club. Mardi, le journaliste indépendant Romain Molina, puis RMC Sports, ont fait état d’un e-mail envoyé en fin de saison dernière par Julien Fournier à Dave Brailsford, directeur Sport d’Ineos, conglomérat pétrochimique à la tête du club azuréen.

Des problèmes extra-sportifs inhérents au poste

Il y eut même un liminaire au liminaire : un communiqué du club parisien assez neutre lu par le directeur de la communication, appelant «chacun à ses responsabilités et à l’apaisement» et souhaitant «que la vérité soit établie par la justice». «Toute ma vie d’homme, de footballeur ou d’entraîneur a été dictée par le souci du partage et du respect des autres, a enchaîné Galtier. Je ne peux accepter que mon nom et ma famille [son fils agent, John Valovic, est également mis en cause par Fournier, ndlr] soient salis de la sorte. J’ai donc porté plainte [contre Fournier et les deux journalistes qui ont fait état du mail de celui-ci] et j’ai confiance en la justice de mon pays. Je ne peux d’ailleurs que me féliciter du fait qu’une procédure de justice ait été ouverte.»

Pour le reste, Galtier a fait bref. Oui, les témoignages de certains de ses pairs, le coach lensois, Franck Haise, ou son homologue rennais, Bruno Genesio, l’ont touché, au même titre que ceux de «tous les anonymes» qui se sont manifestés pour lui apporter leur soutien. Non, il n’en a pas parlé avec les joueurs parisiens dont certains – et pas des moindres – sont assez sceptiques quant à la défense de leur entraîneur, «mais ceux-ci ont envoyé la meilleure des réponses, un investissement total à l’entraînement». Non, il n’a pas vu venir les problèmes extra-sportifs qui s’abattent sur lui depuis des mois et qui sont pourtant inhérents à l’exposition extrême du poste d’entraîneur dans le club de la capitale.

Un possible coup de grâce à venir ?

Et il a fermé le ban quand une question sur une éventuelle «vengeance» (sous entendu : de Fournier ou des soutiens de celui-ci encore à Nice) qui le poursuivrait aujourd’hui a été posée : «Je suis désolé, mais je ne peux pas répondre à cette question.» Pourtant, c’est peu dire qu’elle se pose.

Mercredi, l’actuel entraîneur de l’OGCN, Didier Digard, à couteaux tirés depuis la saison passée avec Galtier, qui lui reprochait, selon Nice matin, d’afficher sa confession musulmane de façon ostentatoire, a laissé présager l’orage : «Vous avez constaté qu’il y a deux versions qui s’affrontent [une de Fournier et une de Galtier, ndlr]. La vérité éclatera.» Le club azuréen lui-même a évoqué par communiqué «une situation traitée avec le plus grand sérieux au moment des faits», reconnaissant ainsi à demi-mot l’existence d’un souci majuscule au sein du club sur ce sujet. Et le milieu bruisse d’une possible initiative collective des joueurs niçois musulmans que Galtier aurait eus dans le nez, à commencer par Jean-Clair Todibo, qui donnerait le coup de grâce à l’entraîneur parisien, indépendamment du déroulement des procédures de justice.

Galtier a pour lui de solides réseaux à la fois professionnels et médiatiques, plusieurs joueurs (dont le Nantais Andy Delort, représenté par son fils agent…) montant au créneau ces dernières heures pour l’exonérer d’un quelconque racisme. Reste que l’ex-coach de l’OGCN est attaqué sur son regard présumé défavorable concernant la composition ethnique ou religieuse de son vestiaire, au regard d’un tropisme niçois supposé par lui pro-blanc («la ville de Jacques Médecin»). Difficile de croire quand même qu’il puisse en sortir indemne.

Les graves accusations de racisme portées via un mail interne à son endroit par l’ex-directeur général de l’OGC Nice Julien Fournier sont passées par là. L’affaire a de nouveau éclaté mercredi 12 avril, le foot a disparu du paysage et Galtier monte sur les barricades à chaque fois que pointe un micro, toujours plus fragile, toujours plus nu. Pour limiter la casse, le coach avait circonscrit l’affaire de racisme dans un propos liminaire avec interdiction pour les journalistes présents d’y revenir, toute relative puisque ceux-ci se sont employés à éclairer le même sujet par la bande, en invitant par exemple Galtier à évoquer son état d’esprit dans la tempête («c’est très difficile, très dur»).

« Je n’ai pas parlé avec mes joueurs de ce sujet »

Aujourd’hui sur le banc du Paris-Saint-Germain (PSG), M. Galtier a « contesté avec la plus grande fermeté », mercredi, les propos rapportés, annonçant des « poursuites judiciaires », sans donner plus de détails sur ses intentions. En conférence de presse, vendredi, à la veille de la rencontre de Ligue 1 entre son club et le RC Lens, l’entraîneur s’est dit « profondément choqué » par les accusations dont il est l’objet.

« Je suis un enfant des cités HLM élevé dans la mixité, élevé dans le respect de l’autre quelles que soient son origine, sa couleur, sa religion, a justifié le technicien de 56 ans. Toute ma vie d’homme a été dictée par le souci du partage et du bien vivre avec les autres, je ne peux accepter que mon nom et ma famille soient salis de la sorte. »

Et d’insister : « Je ne peux que me satisfaire de l’ouverture d’une enquête (…) afin de laisser la justice travailler en toute sérénité, je n’apporterai pas d’autre commentaire à ce sujet. »

Mercredi, le Collectif Ultras Paris avait publié un communiqué estimant que si les faits qui sont reprochés à Christophe Galtier « sont avérés, il n’est pas acceptable [qu’il] reste dans l’organigramme du club ».

Du côté des joueurs parisiens, à en croire le coach, l’affaire n’a pas été directement abordée : « Je n’ai pas parlé avec mes joueurs de ce sujet mais ils m’ont renvoyé la meilleure des réponses avec l’investissement total lors des séances d’entraînement. » Le PSG dispute, samedi au Parc des Princes, un match important dans la course au titre en championnat face à ses dauphins lensois.

« Ça a été difficile, très dur, bien évidemment, a fait valoir l’entraîneur. Je me suis réfugié dans le travail. Vous dire que c’est agréable, non. Mais les moments passés avec les joueurs m’ont permis d’évacuer et d’oublier tout ce qui était dit. » Avant sa prise de parole, il a aussi reçu l’appui du PSG : « Le club soutient Christophe Galtier et souhaite que la vérité soit établie par la justice. » (SPM/2023)

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