LIBREVILLE, 29 OCTOBRE (ASPAMNEWS)- Le référendum c’est pour bientôt au Gabon. Les électeurs d’une manière et d’une autre n’attendent que le jour J. Mais vit dans une impasse qui ne dit pas son nom. Même si les militants du Parti démocratique gabonais (PDG) jouissent encore de leurs droits civils et politiques, leur activisme alimente le soupçon. Le constat est que ceux qui demandent au Président de la République d’exclure de la gestion du pays, durant cette période de la transition, les Pedegistes, sont eux même à l’origine du chaos dans lequel notre pays se trouve. Pendant ce temps, les autorités du moment ont autorisé la participation des observateurs internationaux au référendum constitutionnel prévu pour le 16 novembre.
Le ministre gabonais de l’Intérieur a annoncé la participation des observateurs internationaux au référendum constitutionnel. « Conformément aux engagements pris par le Président de la Transition, président de la République, Chef de l’Etat, cette consultation cruciale pour notre pays sera ouverte aux observateurs internationaux pour renforcer la crédibilité de notre processus électoral », a déclaré le ministre, lors d’un point de presse.
En autorisant les observateurs internationaux, les autorités gabonaises prennent le contre-pied du régime déchu, qui avait interdit ce genre de mission lors de la dernière élection présidentielle remportée par Ali Bpngo. Le régime militaire du général Brice Oligui Nguema affiche également sa bonne et fait preuve de transparence.
Mais dans une déclaration, lue par Alain Claude Bilie By Nze, la plate-forme « Ensemble pour le Gabon », a expliqué lundi pourquoi elle appelle à voter non contre le projet de constitution qui sera soumis au référendum le 16 novembre prochain.
On doit plutôt lui faire confiance même lorsqu’on ne comprend pas tout suite la stratégie. Car on ne gouverne pas un pays comme une association de quartier. On n’anihile pas un système vieux d’un demi siècle en seulement 1 an. Faisons preuve de bon sens. Je crois à un changement, progressif.
Le Chef de l’Etat, certes est le porteur de la vision. Mais, il appartient aux gabonais de décider de retourner en esclavage en Egypte en votant pour le « NON » au Référendum, ou de saisir l’opportunité que nous offre cette liberté pour doter notre nation d’une nouvelle espérance en votant massivement pour le « OUI ».
Si les gabonais ne veulent plus entendre parler des pedegistes, ils doivent le démontrer en les sanctionnant sévèrement lors des élections générales de 2025 (législatives, municipales et sénatoriales). Mais il n’appartient pas au Président de la République de prendre une telle décision anti-démocratique.
Par conséquent, je trouve inapproprié et infondé, ce procès machiavélique aux fins inavoués, qui est fait au Chef de l’Etat alors que ce dernier ne ménage aucun effort pour préserver la stabilité dans notre pays, en associant toute les forces vives de la nation dans ce processus de transition.
D’ailleurs, je tiens à exprimer ma profonde gratitude et ma grande admiration à l’endroit des autorités du CTRI, du Gouvernement et des Institutions de la Transition, pour avoir su combiner avec finesse et délicatesse, jusqu’à présent : l’unité nationale, la liberté d’expression, la démocratie, le développement, les actions sociales fortes et surtout la paix.
En effet, le débat sur la fiabilité du processus fait revient dans tous les débats politiques. Clôturant les travaux du 2ème Conseil national de son parti, la présidente par intérim de l’Union nationale (UN) s’est posée en chantre de la transparence électorale.
Si elle n’a pas évoqué les implications d’une gestion des élections par le ministère de l’Intérieur, si elle s’est refusée à parler des conditions de révision des listes électorales et si elle n’a rien dit des effets de la modification du Code électoral, Jeanine Taty-Koumba s’est néanmoins voulue catégorique et optimiste : le référendum constitutionnel à venir doit ouvrir «un cycle d’élections transparentes, crédibles, sincères et inclusives». Autrement dit, le scrutin du 16 novembre prochain doit permettre de «redonner aux Gabonais confiance dans les urnes».
Engagements de départ
Cette demande de transparence ne relève ni d’un artifice de communication ni d’une surenchère politicienne. Elle procède plutôt d’une volonté de respecter les engagements de départ. Comme l’a rappelé la présidente par intérim de l’UN, dans son tout premier communiqué, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) avait estimé «que l’organisation des (…) élections générales du 26 août 2023 (n’avait) pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif». Dénonçant des «résultats tronqués», il mît un terme au processus, prononçant ensuite la dissolution de toutes les institutions, notamment le Centre gabonais des élections (CGE).
Certes, personne ne gagne à instruire un procès d’intention. Certes, il reste un peu plus de deux semaines d’ici à la tenue du scrutin. Certes, tant de choses peuvent encore être corrigées ou améliorées. Mais, depuis quelques temps, l’on assiste à une accumulation de signaux pas toujours engageants : si les listes électorales ont été révisées de façon cavalière, la modification du Code électoral s’est faite au prix de zigzags et d’arrangements caractéristiques du régime déchu.
Comme si tout ceci n’était pas assez alarmant, le Parti démocratique gabonais (PDG) est subitement revenu en grâce, se prononçant pour le «Oui». Même si ses militants jouissent encore de leurs droits civils et politiques, leur activisme suscite des doutes. Sont-ils capables de renoncer à leurs habitudes ? Peuvent-ils s’engager dans une élection sans recourir à des méthodes déloyales ou illégales ? On peine à le croire. Du coup, une sournoise hypothèque plane sur la sincérité du scrutin.
L’Etat à équidistance des deux positions
L’acceptation des résultats du référendum ne dépendra pas seulement de l’attitude de l’administration. Elle sera aussi conditionnée par le comportement des animateurs de la campagne. Or, dans un passé récent, nombre de personnes pressenties se sont illustrées par des agissements peu orthodoxes. Du transport des électeurs à la corruption des scrutateurs en passant par l’achat des votes ou la destruction du matériel électoral, certains d’entre eux n’ont reculé devant rien.
D’autres ont tout mis en œuvre pour pourrir l’ambiance. Ces pratiques seront-elles remises dans l’air du temps ? On peut le redouter. Surtout quand on voit comment les ténors du système déchu se démènent pour garantir leurs «intérêts» ou se mettre à l’abri des «postures contraignantes ou désobligeantes», selon l’aveu de Paul Biyoghé Mba. Le CTRI aura beau plaider «la tolérance et l’inclusion». Il pourra en appeler à «l’esprit de solidarité, de pardon et de réconciliation». La trop forte implication du PDG alimentera toujours le soupçon.
Dans la perspective du référendum constitutionnel, le PDG est manifestement un allié encombrant. Le CTRI peut-il l’invisibiliser ? Il en a les moyens. Gagne-t-il à le faire ? À lui d’en juger. Pour l’heure, on se concentrera sur l’organisation de la campagne : au lieu de la confier aux organes de la Transition, il faut la laisser aux partis politiques et autres associations.
Si la puissance publique doit dégager un financement, cela doit se faire dans la transparence. Mieux, la répartition ne doit pas tenir compte de l’engagement pour le «Oui» ou le «Non», l’Etat ayant l’obligation de se tenir à équidistance des deux positions.
En juillet 1995, lors du référendum pour l’adoption des Accords de Paris, le taux d’abstention fut officiellement de 36,45%, les électeurs ayant peu goûté à cette alliance de la carpe et du lapin entre adversaires de toujours.
Par voie de conséquence, le résultat s’en trouva banalisé et raillé. On connait la suite. Si l’on veut s’assurer de l’acceptabilité des prochains résultats, si l’on veut garantir la sérénité pour la suite de la Transition, il faut le méditer.
Rappelons que pour ce référendum constitutionnel, la campagne s’ouvrira le 7 novembre et prendra fin le 15 novembre. Les Gabonais en âge de voter seront aux urnes le 16 novembre pour approuver ou non le projet de nouvelle constitution. (PGL/2024)