6 NOVEMBRE (ASPAMNEWS)- Donald Trump est élu nouveau président de la République. Ce dernier a d’ores et déjà remporté 277 grands électeurs contre 224 pour la démocrate Kamala Harris. Kamala Harris a reconnu sa défaite à la présidentielle du 5 novembre 2024. Ce mercredi 6 novembre, la candidate démocrate Kamala Harris, a appelé Donald Trump pour le féliciter, a indiqué un conseiller de la vice-présidente. Mais avec le limogeage de Yoav Gallant et Trump à la maison blanche, les cartes politiques risquent d’être rabattues.
Si le bruit de son limogeage courait depuis l’été, c’est sa temporalité qui a surpris. En pleine journée d’élections américaines, Benyamin Netanyahou a congédié mardi 5 novembre son ministre de la défense, Yoav Gallant, arguant de la disparition du lien de confiance qui les unissait.
En désaccord avec le premier ministre sur la gestion de la guerre, Yoav Gallant était le dernier partisan, au sein du cabinet, d’un accord pour libérer les otages, et militait pour la conscription des ultraorthodoxes.
La colère a aussitôt poussé les Israéliens dans la rue dès mardi soir. « C’était le moins pire des fascistes du cabinet, il se souciait vraiment des gens », fustige Shai, jeune étudiante en sociologie qui est allée manifester près de la résidence de Netanyahou à Jérusalem dans la soirée. « Il vire ou fait partir ceux qui pensent différemment de lui, c’est le début de la dictature. En plus, “Bibi” a bien choisi son moment : avec les élections américaines, il a les mains libres. »
« Poursuivre la guerre à tout prix »
L’actuel ministre des affaires étrangères, le très à droite Israel Katz, a été nommé pour le remplacer. « Nous avons de véritables questions sur les raisons du licenciement de Gallant et sur ce qui motive cette décision », confient des responsables de l’administration américaine au journaliste Barak Ravid du site Axios, ne cachant ni leur surprise, ni leur préoccupation.
Ce nouveau coup de poker rebat les cartes de la politique israélienne, alors que Donald Trump, considéré comme l’allié ultime, a officiellement été élu président le 6 novembre. « En remerciant Gallant, Netanyahou acte son désir de poursuivre la guerre à tout prix.
Trump, en revanche, a fait régulièrement entendre qu’Israël devait finir sa guerre. La relation entre les deux a le potentiel de devenir conflictuelle », estime Ephraim Sneh, qui fut ministre ou vice-ministre dans quatre cabinets israéliens différents.
Le député travailliste souligne qu’avec le départ de Yoav Gallant, les Américains perdent un partenaire : « Katz n’est pas expérimenté, c’est Netanyahou qui va tout décider. »
Netanyahou ne peut pas dire non à Trump
Benyamin Netanyahou a fait partie des premiers chefs d’État à féliciter Donald Trump pour « le plus grand retour de l’histoire », parlant « d’amitié » et de « réengagement fort en faveur de la grande alliance entre Israël et l’Amérique ».
Pour le premier ministre israélien, il s’agit de prouver aux Israéliens, largement pro-Trump, qu’avec le soutien du républicain, il peut assurer une « victoire totale » à Gaza et au Liban.
« Trump II va être différent de Trump I, surtout en matière de politique étrangère, car il ne sera pas habité par l’obsession du retour », anticipe Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève.
« Il va vouloir continuer ce qu’il a commencé avec les accords d’Abraham, en consolidant les acquis et en élargissant les liens avec l’Arabie saoudite, ce qui passera par la signature d’un accord pour la fin de la guerre à Gaza. Netanyahou n’aura pas autant les mains libres qu’il le croit.
Contrairement à Biden, Trump n’hésitera pas à faire usage des outils économiques ou militaires pour faire pression. Il sera plus tranché. » Et contrairement à Biden, Netanyahou ne peut pas dire non à Trump. Deux mois et demi séparent les élections américaines de l’investiture du 47e président. Au Moyen-Orient, c’est long pour des prédictions. (DBP/2024)